Florence me demande quel polar j’ai lu et aimé …. Alors ….. J’ai lu récemment, que dis-je lu! Dévoré est plus juste, « Yeruldelgger », par Ian Manook (Patrick Manoukian, journaliste) , et la suite parue récemment « Les Temps sauvages », que j’ai préféré au premier.
Dans ces deux pavés, nous partons en Mongolie, et on découvre la steppe, les yourtes, les traditions mongoles, les enseignements traditionnels, la mystique asiatique, on apprend à cuisiner et à déguster la tête de chèvre bouillie, une touche de magie par ci par là, de l’humour, des situations cocasses. On y trouve aussi, malheureusement, la misère, la corruption, la pollution, la lente disparition du nomadisme.
Yeruldelgger :Tout commence par un corps d’enfant enseveli sur son petit vélo dans la steppe, puis très vite par les corps de trois chinois émasculés dans un entrepôt. Et tout le roman va alterner les grands espaces et les bas-fonds, les petits méfaits et la fraude à l’échelle nationale, le vol des richesses naturelles, la transformation du pays en arrière-court des mafieux chinois et coréens et tous les trafics imaginables dans un état quasi sans droit où l’argent sale fait se détourner tous les regards.
Les temps sauvages : C’est une étrange affaire que découvre l’inspecteur Oyun, adjointe de Yeruldelgger, dans la steppe encore plus glacée que d’habitude par un vent frigorifiant. Elle a été appelée par un jeune militaire pour une sorte de hamburger démentiel : un cheval, un homme en selle et un yak par dessus le tout, tous écrabouillés, morts plus que permis et congelés à cœur. Comment ce cavalier a t’il pu se faire écraser avec sa monture par une femelle yak venue du ciel ?
Par pure flemme, je vous copie ici un extrait de présentation que fait Ian Manook de lui-même, que l’on peut lire dans son intégralité LA (clic) :
« Cet esprit boulimique, nourri au pilaf de boulghour diasporique, nourrit à son tour son Yeruldelgger de ravioles de mouton gras, de thé salé au beurre rance et marmottes farcies aux galets chauds plutôt que de tresser des lauriers de pâte feuilletée aux cassoulets et autres gratins de notre gastronomie nationale !
Avec, mauvais goût suprême, des morts au champ d’horreur de la pire espèce. Gamine de cinq ans enterrée vivante, chinois émasculés, prostituées rasées-tondues, jeune femme cuite à feu doux, méchant jeté aux serpents et pourquoi pas homme de main bouffé par un ours ? Et bien si, justement !
Mais surtout, reproche suprême, cet amour pour ce pays magnifique, ses steppes sauvages, ses galops en liberté, ses yourtes chaleureuses, ses âmes accueillantes qui font que chaque page de ses descriptions en panoramiques scandaleusement poétiques sont une torture de tous les instants pour qui les lit dans la grisaille et la morosité occidentale. Vraiment, ce Ian Manook est un sale type, et la seule vengeance qu’il mérite est de braver ses dix raisons de ne pas le lire pour faire de son roman un succès planétaire et de lui un parvenu riche à millions pour lui pourrir la vie et lui interdire toute oisiveté vagabonde en le forçant à écrire une suite. »